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À New York, le cannabis médical fait reculer l’usage des opioïdes de 22%
La crise des opioïdes reste l’un des défis sanitaires les plus grands aux États-Unis, en particulier dans la prise en charge des douleurs chroniques.
À New York, une nouvelle étude scientifique apporte des données concrètes sur une piste déjà explorée depuis plusieurs années : l’intégration du cannabis médical dans les parcours de soins. Les résultats, publiés dans une revue médicale de référence, montrent une baisse mesurable de la consommation d’opioïdes chez les patients concernés…
Une étude clinique menée dans le cadre du programme new-yorkais
Cette recherche a été publiée dans JAMA Internal Medicine et conduite par des chercheurs de l’Albert Einstein College of Medicine et du Montefiore Health System. Elle s’est concentrée sur 204 adultes souffrant de douleurs chroniques, tous sous prescription d’opioïdes, et récemment certifiés pour accéder au programme de cannabis médical de l’État de New York.
Les participants ont été pris en charge entre septembre 2018 et juillet 2023. Leur suivi s’est étalé sur une période de 18 mois, avec une collecte précise des données issues du New York State Prescription Monitoring Program. Ce système a permis de suivre de manière fiable les prescriptions d’opioïdes et leur évolution dans le temps.
Au démarrage de l’étude, la majorité des patients déclaraient des douleurs intenses. La dose quotidienne moyenne d’opioïdes atteignait alors l’équivalent de 73,3 mg de morphine par jour, un niveau représentatif d’un traitement antalgique lourd et prolongé.
Une réduction chiffrée et progressive des opioïdes
Au terme des 18 mois de suivi, les résultats montrent une diminution nette de la consommation d’opioïdes. La dose quotidienne moyenne est passée de 73,3 mg à 57 mg d’équivalent morphine, soit une baisse de 22%. Cette évolution s’observe dans un cadre médical encadré, sans arrêt brutal ni substitution non contrôlée.
L’étude met également en évidence une différence mensuelle selon l’accès effectif au cannabis médical. Les participants ayant reçu un approvisionnement de 30 jours ont consommé, en moyenne, 3,5 mg d’équivalent morphine de moins par jour que ceux n’ayant pas eu de cannabis médical sur la même période.
Ces données renforcent aussi l’idée d’un effet complémentaire du cannabis médical dans la gestion de la douleur chronique, avec un impact direct sur le recours aux opioïdes…
Le rôle central d’un modèle médicalisé…
Les auteurs soulignent que ces résultats sont étroitement liés au cadre du programme new-yorkais, qui repose sur une distribution supervisée par des pharmaciens.
Selon la Dr. Deepika E. Slawek, auteure principale de l’étude, le cannabis médical peut soulager la douleur chronique tout en réduisant la dépendance aux opioïdes lorsqu’il est intégré dans un système de soins structuré.
Les chercheurs estiment que ce modèle présente des bénéfices en matière de santé publique, et implique une coordination entre les médecins, les pharmaciens et les patients, avec un suivi précis des prescriptions et des effets observés.
La Dr. Julia Arnsten, autre co-auteure de l’étude, insiste également sur la nécessité de considérer le cannabis comme un médicament à part entière, intégré à des politiques de gestion de la douleur fondées sur des substances réglementées.
Des perspectives de recherche encore en cours…
L’équipe de recherche poursuit actuellement ses travaux avec un essai contrôlé par placebo. L’objectif est d’évaluer plus précisément le potentiel du cannabis médical dans la réduction de la consommation d’opioïdes chez les patients qui souffrent de douleurs chroniques.
Chez Kilogrammes, on pense que ces résultats apportent des éléments factuels au débat sur les alternatives thérapeutiques aux opioïdes, dans un cadre strictement médical et encadré…